La bière et la brasserie... d'hier et d'aujourd'hui
Ce café-restaurant est situé au 12 rue de l'amiral Roussin dans le 15ème arrondissement de Paris. Il a été ouvert entre avril 2004 et avril 2005 par Daniel SALEMI. Le ZOO est l'héritier d'un riche passé, que l'on ne doit pas oublier.
Daniel SALEMI est né à Paris et a toujours travaillé dans le domaine de la restauration et des bars, notamment de nuit (de Paris à New York...). Il sera à l'origine de concepts originaux comme « la Feria » rue Montgallet (13ème), « la Bodega », rue Castragnery (15ème), où il conjugue avec bonheur cuisine espagnole et musique jazz-manouche.
En 2003, il reprend un petit restaurant du 15ème arrondissement, le « Sampieru Corsu », que son propriétaire Claudio LAVEZZI désire vendre. Juste à côté se trouve un bar-épicerie, le « Petit Café Bleu » dont la patronne, Paulette HUBY, veut se séparer, se sentant trop agée pour continuer à le gérer. Daniel SALEMI le reprend également, ouvre la cloison séparant les deux établissements, qu'il réunit sous la même enseigne « le ZOO ».
Le « Petit Café Bleu » n'a jamais eu vraiment d'enseigne, il devait son nom à la couleur de sa façade. Au départ, c'était une petite épicerie. Mais, avec l'arrivée d'un supermarché à proximité, fin des années soixante, Paulette HUBY décide d'y ajouter un bar. Ce petit bar-épicerie est le rendez-vous incontournable de tous les habitants du quartier, où tous se cotôyaient autour d'un ballon de rouge ou d'une bière,CHAMPIGNEULLES à l'origine, servie à la bouteille. Lors des fin de mois difficiles, la maison faisait toujours crédit...
Le « Sampieru Corsu » appartient à Claudio LAVEZZI, né en Corse. Son père, un membre fondateur de la section française de l'Internationale Socialiste, l'emmène aux obsèques de Lénine. Claudio sera alors de toutes les batailles : les Brigades Internationales en Espagne, la lutte contre les nazisss dans les rangs des forces soviètiques, puis avec le Viet-minh en >Indochine et le FLN en Algérie. Mais, exclu du PCF, il cesse toute activité politique en 1966. Et, quand il ouvre son restaurant du nom d'un héros de l'indépendance corse en 1970, il souhaite tout simplement :« aider les autres à manger et à se forger une conscience politique ».
Si le restaurant affichait un menu complet avec boisson à 8 francs au début puis 40 francs en 1990, le client ne se voit pas présenter d'addition lorsqu'il a terminé son repas : il paie ce que « sa conscience et ses moyens lui dictent » en mettant l'argent dans un tiroir-caisse situé près de la sortie. Il cite même dans un quotidien en 1977 : « les vieux travailleurs, les chômeurs et les chômeurs en lutte ne paient pas ». Le restaurant sert jusqu'à 200 repas par jour et le nombre de resquilleurs ne dépasse pas 10%. Le soir, il y a affluence pour écouter des poêtes, entendre de la musique et participer à de nombreux débats. Il s'y seraient croisés Renaud, Jacques Higelin, Bernard Lavilliers, Coluche ou encore JeanPierre Ellkabach (avant qu'ils ne soient des vedettes. Et l'on dit même que ce serait au « Sampieru Corsu » que serait née l'idée des Restos du cœur...
Malgré le succès (plus de 630 000 repas en 28 ans), les années 80 deviennent difficiles : le quartier change, la solidarité baisse, les nouvelles vedettes ne viennent plus... le restaurant est plusieurs fois à la limite de la fermeture (Lorsque Claudione peut plus payer l'électricité, la cuisine est faite au charbon et les clients éclairés à la bougie). Il se battra jusqu'au bout pour sauver son établissement, mais de graves ennuis de santé l'oblige à vendre en 2003 à Daniel SALIEMI, Claudiodécèdera quelques mois plus tard.
Mais l'histoire de ce restaurant ne va pas disparaître avec le changement de propriétaire. Daniel SALIEMIva maintenir au maximum le souvenir et les caractéristiques de ces deux établissements et maintenir l'esprit des lieux en développant le brassage social et la mixité des influences.
Le gros coup de projecteur porté par HEINEKEN FRANCEgrâce à l'entrée de cet établissement dans la série « HISTOIRES DE BISTROTS » écrit par Gilbert DELOS, relaté dans « BIERE MAGAZINE » et le formidable travail d'historienne accompli par Anne OLLIVIERpour retrouver le passé de ces deux établissements, sont donc très salutaire pour le ZOO...
Nous retrouvons sur cette photo (extraite de "Bière Magazine") Laurent BOYER, Paulette HUBY, Daniel SALEMI, la fille de Claudio LAVEZZI et Corinne GOFF-LAVIELLE, directrice de communication d'HEINEKEN FRANCE.