La bière constitue la boisson ordinaire de nombreux
peuples septentrionaux et des Français du nord et de l'est. Elle fut, et est encore, assez peu consommée en Bretagne. Pourtant, l'Irlandais John FAGAN installa une
première brasserie à Quimper en 1824...
A Pontivy, la première brasserie date de la fin du
18ème siècle. Les buveurs de bière ne sont pas le Pontivyens, mais les soldats présents dans la ville et originaires de régions où l'on boit plus ordinairement de la bière. Vers 1839,
la consommation de la bière représente seulement 1% de la consommation de cidre. Ce chiffre se maintient jusqu'à la fin du 19ème siècle. A cette époque, dans le Morbihan, la
consommation de cidre était de 104 litres par an et par habitant, la consommation de vin de 12 litres et celle de la bière de 1 litre... à cela, trois raisons: le prix du litre de bière est le
double de celui du cidre, il n'y a pas de houblon en Bretagne, les Bretons ne sont pas habitués à boire la bière.
Vers 1850, les pouvoirs publics mènent des enquêtes pour contrer la consommation
de vin et d'eau de vie, afin de promouvoir d'autres boissons moins « nocives » comme le cidre, le poiré ou ... la bière.
La première brasserie de Pontivy fut installée, vers
1792-1793, rue d'Austerlitz par Gilles COËNEN, né en 1752 en Belgique, dans le Brabant, réputé pour la bière. Il va s'installer en France au moment de la Révolution
Française, il épouse Suzanne PORTRON, de La-Motte-Sainte-Bras. C'était une brasserie très artisanale.
Dix ans plus tard, alors que Pontivy est devenue
Napoléonville, il embauche un jeune garçon de 17 ans, Henri DURINGER, fils d'aubergiste, né en 1789 en Bavière. Il se montre très compétent dans son travail et très
apprécié de son employeur, et, en 1815, il devient directeur-fermier de la BRASSERIE COËNEN. Il épouse Marie LEJEUNE, qui lui donnera 7 enfants, dont Léon, né en 1822 et Henri, né en 1824, qui
deviendront brasseurs.
Gilles COËNEN décède le 29 septembre
1816, Henry DURINGER, alors agé de 27 ans, va maintenir l'activité de la brasserie jusqu'à la mort de Mme COËNEN en 1919. Il voudrait
acheter la brasserie et va alors contacter les trois héritiers COËNEN. Les pourparlers vont durer deux ans et le 27 septembre 1821 l'affaire est conclue:
la BRASSERIE COËNEN devient la BRASSERIE DURINGER. A cette époque, l'orge vient des départements bretons et le houblon d'Alsace. La bière produite s'écoule
bien, un tiers à Pontivy et Vannes et le reste à Rostrenen, Loudéac et Nantes.
En 1830, Mme DURINGER décède.
En 1837, la brasserie emploie 10 ouvriers et produit 1900
hl de bière. Lorsque mourut Henry DURINGER, le 27 septembre 1859, à l'âge de 70 ans, ses obsèques déplacèrent beaucoup de petites gens qui l'appréciaient beaucoup.
Mais les bourgeois de l'époque étaient là aussi... Ce qui signifie que M. DURINGER était reconnu de tous.
C'est son fils Léon, qui
travaillait avec lui à la brasserie, qui va lui succéder. Il épousera, en 1861, Amélie GUILLEMIN, qui lui donnera huit enfants, dont Emile, né en 1865. La brasserie
prospère et emploie 12 ouvriers. Il décèdera le 22 octobre 1887, laissant une entreprise en très bon état financier.
Affiche appartenant à Éva VEILLON
(un grand merci)
C'est donc son troisième fils,
Emile, qui va lui succéder. Lui aussi travaillait déjà à la brasserie. Il épouse, en 1890, Anne LEBRIGAND, qui lui donnera quatre enfants, dont seul
Henri, né en 1892, survivra. Emiledécèdera le 22 septembre 1909, victime d'une agression. La brasserie va continuer de fonctionner, mais sans
direction: Henri, à 17 ans, n'a qu'une ambition, c'est d'être militaire. Anne, dit-on, mettra fin à ses jours en 1918.
A la mort de Anne, c'est Constant LE
CORRE, employé à la brasserie, qui en prend la direction, puis l'achète. LA GRANDE BRASSERIE DURINGER
fabrique toujours la bière DURINGER...
En 1847, Antoine QUINIVET achète une petite île, où se
trouvait jadis le jardin du monastère des Recollets. Après quelques années, il y installe une minoterie. Il avait épousé Françoise LE CAM, fille d'un cabaretier. Elle lui donnera trois enfants
dont Jeanne, qui épousera en 1862 Henri DURINGER, frère cadet deLéon, brasseur rue d'Austerlitz.
En 1866, en accord avec Antoine QUINIVET, son
beau-père, Henri DURINGER installe une brasserie sur l'île, la BRASSERIE DES
RECOLLETSet va faire concurrence à son frère Léon.
Le 22 mai 1869, Henri
décède, son épouse va continuer l'exploitation aide de Louis LECART, natif de Damgan. En 1872, il épouse la veuve. La brasserie devient alors la
BRASSERIE LECART.
En 1890, son épouse gravement malade,
Louis LECART cède la brasserie à Eugène SCHMITT, né à Schlestadt (67) en 1856. Il quitta l'Alsace aoprès la guerre de 1870 et l'annexion de
l'Alsace par l'Allemagne. Il s'installa à Pontivy avec son épouse Julie née PRINTEMPS.
La BRASSERIE LECART devient la BRASSERIE EUGENE
SCHMITT.
Il décèdera le 28 février 1915. La brasserie est alors
gérée par René GERARD, né à Cambrai en 1892. Et en 1919, il épouse Marcelle SCHMITT, fille d'Eugène et
Julie.
La brasserie devient BRASSERIE GERARD-SCHMITT. Elle va perdurer sous cette appellation jusqu'en 1925.
C'est à cette date que les deux brasseries pontiviennes
vont se réunir: le 28 mai 1925, devant Maitre JUIGNIER, notaire à Pontivy, Constant LE CORRE et René GERARD ont établi des statu quo
d'une société anonyme intitulée BRASSERIES PONTIVYENNES REUNIES. Et la société aura de
droit de se dire successeur de la BRASSERIE DURINGER et de la
BRASSERIE SCHMITT. L'exploitation des deux brasseries va se poursuivre de cette manière durant quelques
années, puis la société va être dissoute par anticipation (elle était prévue 21 ans, soit jusqu'en 1956).
Le 2 novembre 1835, le maire de Pontivy donne
l'autorisation à M. KERMELIN d'installer une brasserie. Cette brasserie, la BRASSERIE KERMELIN
entre en activité en 1836, elle emploie trois ouvriers brasseurs. Elle fermera ses portes en 1838...
En 1932, les publicités ne citent plus la société
mais BRASSERIE PONTIVYENNE C. LE CORRE. A cette époque, la brasserie de la rue d'Austerlitz
est un dépôt régional de la BRASSERIE LA MEUSE et ne produit plus de bière. La bière arrive
de Rennes et de Nantes en fûts et sont mises en bouteille dans la brasserie. Les brasseries pontivyennes auront vécu 140 ans...
J'ai tiré tous ces
renseignements des articles de Charles FLOQUET, parus dans le "PONTIVY JOURNAL".
Je tiens à remercier Sylvie
LE POUËZARD du Service Archives-Documentation de la ville de Pontivy qui m'a fait parvenire ces articles...