Aujourd'hui, au cours d'un repas, on boit de l'eau et/ou du
vin... Au cours des siècles passés, il était courant de consommer différentes boissons, souvent faites « à la maison », comme la piquette (macération de raisins et d'autres fruits dans
de l'eau), le poiré ou le cidre. Dans le sensonais, il était inimaginable de boire autre chose que du cidre, mais un certain nombre buvait de la bière fabriquée dans les caves, mais qui n'étaient
pas si bonnes que celles élaborées par les brasseurs.
Dès le 18èmesiècle, des brasseurs s'installent à Sens, ils sont originaires principalement
d'Alsace. On recense 3 brasseries sous l'Ancien Régime, dont la BRASSERIE DE STRASBOURG, puis, au 19ème siècle la BRASSERIE DE SENS, qui sera remplacée par la BRASSERIE SENONAISE... et également deux grandes brasseries qui formeront la BRASSERIE
LARCHE.
En voici les principaux brasseurs :
Jean-Baptiste
BREUILLARD, né en 1739, à Angely (89), s'est installé en 1777 au 6, Grande Rue. Il exercera jusqu'à sa mort en
1795.
Martin FRICHET, né vers 1740 à Ammerschwitz (68), s'est installé rue de la Convention. Il exercera jusqu'à sa mort en 1801.
Jean-Théodore
BAUDOIN, né vers 1742. D'abord ouvrier de manufacture, il devient brasseur vers 1799. Il aurait, peut être succédé à
Jean-Baptiste BREUILLARD. Il exercera jusqu'à sa mort en 1805, son fils François-Théodore lui succèdera.
François-Théodore
BAUDOIN, né en 1777 à Sens, exerce avec son père dès 1799. Il arrêtera la fabrication de la bière en 1838 et décèdera en
1846.
Martin MUNSCH, originaire d'Alsace, était brasseur à la BRASSERIE DE
STRASBOURG, place de la Grosse Tour. Il serait le successeur de François-Théodore BAUDOIN.
André RUTHY, né à Schlestade ou Schleithal (67) en 1819 est ouvrier brasseur chez LENIG, rue de Mondereau. Puis il s'installe 15 Grande Rue avec son épouse, comme limonadier. Il va y créer
une brasserie.
Auguste DORNERT, né en 1837 à Saint-Hippolyte (68), ouvre une brasserie au Clos-le-Roi le 4 octobre 1873, ce sera la BRASSERIE DE SENS. Elle fonctionnera durant un siècle. Il décèdera en 1879.
Salomon BARAL, né vers 1844 à Neuhenglett (Allemagne), va succéder à Auguste DORNERT. Il va chercher des associès, qui seront PIGEASSOU en 1881 et LEGRANDen 1884. Il cessera ses activités en 1897 et décèdera en 1913.
Paul HEDE, né en 1862 à Franvilliers (80) succèdera à Salomon BARAL en 1897. Il s'associera avec la famille DUPUIS. (Louis DUPUIS, né à Lyon (69) en 1852, Emile-Louis DUPUIS, son fils, né à Etampes (91) en 1898. Louis et Emile-Louis
quittent Sens en 1899, Paul HEDE se retrouve seul à lka tête de la brasserie. Sa mort, en 1913, et la première guerre mondiale mettront à mal cette brasserie, qui va péricliter jusqu'à sa
fermeture en 1922...
M. JUNIETn'est pas de Sens, mais il y possède une brasserie.
Zéphirin JOSEPH, né à Preux-aux-Bois (59) vers 1887 travaille pour M. JUNIET.
Raymond ROYER, né en 1899 s'installe (on ne sait à quelle date) dans les locaux de la BRASSERIE DE
SENSjusqu'en 1948, date de la fin de sa carrière de brasseur.
Paul SAINT-ALARY, né en 1926 remplace Raymond ROYER à la BRASSERIE
SENONAISE.
Claude SAINT-ALARY, le frère de Paul est né en 1929. Il ne sera qu'entrepositaire. Les deux frères continueront à exploiter la brasserie qui quittera, en 1987, le Clos-du-Roi
pour s'installer 92 rue Victor Guichard, avant de fermer en 1990.
Louis SACHOT, né vers 1776 à Montigny-Lencou (77) est « faiseur de bas ». Il se marie en 1799 et deux de ses témoins sont brasseurs. En 1800-1801, il devient
brasseur place Daprès (95 rue de la République aujourd'hui). Il rencontre des difficultés de la part de la municipalité, qui estime dangereuse son installation intra-muros. Son fils Christophe
travaille avec lui. En 1817, il est autorisé à tranférer sa brasserie au n°2 du Faubourg Saint-Didier. Il y produit de la bière, mais y distille également de l'eau de vie de marc et de pomme de
terre. Dès 1834, il essaye de vendre son exploitation, mais en vain... Jusqu'en 1838, plusieurs brasseurs vont se relayer mais sans donner satisfaction.
Christophe SACHOT, fils de Louis, né en 1800 à Sens, succède finalement à son père vers 1839. En 1840, il prend un associé, Pierre-Félix VENET. En 1843, Pierre-Félix VENET part et laisse seul Christophe
SACHOT qui finira par vendre sa brasserie en 1848. IL reprendra les reènes de la brasserie en 1850, à la mort de M. DUPUIS, avec un nouvel associé M. POUSSIER. Il décèdera en 1860.
M. DUPUISsuccèdera à Christophe SACHOT en 1848, mais disparaitra en 1850.
Jean-Baptiste VEUVENOT n'apparaît qu'en 1853, date à laquelle il fait faillite, peut être une
faillite frauduleuse.
Florent CORNET aurait reprit la brasserie vers 1855, mais sera mis également très vite en
faillite.
Hubert GRIMOUX rachète la brasserie le 25 janvier 1857 et l'exploitera avec succès jusqu'en
1860.
Nicolas MACE exploitera la brasserie de 1860 à 1863.
Charles PIED, d'abord limonadier puis cafetier s'installera à la brasserie jusqu'en 1869. Il
emploiera deux ouvriers.
Augustin DORNERT succède à Charles PIED en 1869. Il quittera le 21 faubourg Saint Didier pour
installer la brasserie, qu'il renommera BRASSERIE ALLEMANDE à Clos-le-Roi. (le gendre de Louis SACHOT essayait de louer les bâtiment de
l'ancienne brasserie depuis des mois).
Jacob MULLER, né à Romanswiller (67) en 1810, s'associe à M. MOSER, dont on
connait peu de chose, pour créer une brasserie 6 rue de Mondereau. Il épouse, en 1849, Louise GUERIN, fille de maçon. A la mort de Jacob MULLER, en 1851, son épouse dirige seule
la brasserie.
Georges LENIG, né à Rittershoffen (67) en 1823, vient aider Louise GUERIN dans la direction de
la brasserie en 1851, et finit par l'épouser un an plus tard. Ils vont diriger la brasserie jusqu'en 1863, date à laquelle, Louise se retrouve une deuxième fois veuve et décide de vendre la
brasserie.
Pierre-Onésime CHANEY, né vers 1820, est originaire du Jura (39). Il est limonadier lorsqu'il
décide, en 1863, de racheter la brasserie rue de Mondereau. Il prendra sa retraite vers 1872.
Guillaume GRUND, en 1874, fait de la publicité pour sa
brasserie : » BRASSERIE DE SENS, 6 rue de Mondereau – Bières façon Strasbourg ». Il cessera ses activité à la fin de cette
année-là.
Auguste CRON, né à Niederbronn (67) arrive à Sens en 1874. Peu après, il s'installe à la
brasserie rue de Mondereau. En 1880, il va s'installer au 1 boulevard de l'Esplanade, dans les locaux que DORNERT avait quitté en 1873, et va faire revivre la brasserie qu'avait créer Louis
SACHOT en 1801. Auguste CRON va exercer à cette adresse jusqu'en 1887, puis va s'installer 5 rue Saint-Didier. Par la suite, il va abandonner la fabrication de la bière et devenir entrepositaire
jusqu'à sa retraite en 1902, laissant la place à son fils. Il décèdera en 1915.
Georges CRON, né en 1888, succède donc à son père Auguste en tant qu'entrepositaire. En 1908,
il fait partie des Brasseurs de l'Yonne avec, pour Sens, HEDE, JOSSIN, LAMBLIN et VEROT. Mobilisé pendant la première guerre
mondiale, il cessera son activité en 1933.
Jean-Marie BIOLLET, né en 1867 en Savoie, succède à Georges CRON. Il décèdera en
1934.
Louis-Clément FOURNY, né en Belgique en 1907, est le fils de la seconde épouse de Jean-Marie
BIOLLET. C'est lui, en fait, qui, avec son épouse, va diriger l'entrepôt à partir de 1933. Ils cesseront leur activité en 1944.
Théodule MALLET, né en 1899 à Dampierre sous Bouhy (58) remplacera Louis Clémént FOURNY durant
1 an seulement : dès 1945, il devient représentant en boissons, puis en 1950, il acquiert un portefeuille d'assurances.
Bernard LARCHE, né en 1905 à La Chapelle Saint Luc (10), rachète, en 1945, le fonds
d'entrepositaire de Théodule MALLET. Devenu veuf, Bernard LARCHE épouse sa belle-soeur, dont le fils Michel, né en 1933 à Troyes (10) va l'aider dans son entreprise. Bernard
décèdera en 1960.
Michel BEAU est le neveu de Bernard LARCHE. Marié à une Senonaise, il va reprendre, tout
naturellement, à la suite de son aoncle, la direction de l'entrepot de bières et ce jusqu'en 1986. Il aurait déménagé l'entreprise vers 1970 au 89 rue Bellocier, dans des locaux plus
fonctionnels.
Patrice BEAU, né en 1958, prit la succession de son père. Il revendra l'entreprise à la
Société FRANCE-BOISSONS en 2002, qui quittera Sens pour Montereau en 2006...
En 1996, une société s'était créée, à Collemiers à l'initiative de quelques Senonais, dont Olivier
VANACKERE, désireux de renouer avec la tradition brassicole, la BRASSERIE DES CHAMPS.
Dans un premier temps, elle prospère, exposant au Salon de l'Agriculture de Paris en 2001.
L'année suivante, elle quitte Collemiers pour s'installer à Saint Martin du Tertre (Il y avait là des nouveaux
batiments mieux adaptés et une houblonnière de 2500 plants. La production de bières nécessaire pour amortir l'investissement ne trouva pas les débouchés suffissants et la brasserie mise en
règlement judiciaire en 2004, puis vendue en 2005...
Le repreneur est la SOCIETE LARCHE, dirigée par
Patrice BEAU et son épouse Nadine. Ils décident de quitter Saint Martin du Tertre pour aménager dans les locaux au 89 rue Bellocier à Sens, et la production
reprit en janvier 2007.
Dès ce moment, les bières produites le sont sous la marque THOMAS
BECKETT, rappelant l'archevêque de Canterbury, saint patron des brasseurs anglais, qui, pendant son exil, vécut à Sens de 1165 à 1170.
Je tiens à remercier Madame Elisabeth RAIMBAULT-MARTIN,
des Archives municipales de la ville de Sens qui m'a fourni tous ces précieux renseignements, tirés de l'ouvrage :
« SENS AU XIXème SIECLE »
Monsieur Etienne DODET
( SOCIETE ARCHEOLOGIQUE DE SENS-2009).