La tradition de la brasserie remonte aux premiers jours
de la colonisation. New York et Philadelphie furent les premiers centres brassicoles, et ce n'est qu'au 19ème siècle que le Middle West affirmera sa suprématie avec de grandes
installations de brasseries à Milwaukee, Saint Louis et Détroit. Dans l'ouest, la ruée vers l'or déterminera l'ouverture d'une multitude de micro brasseries.
Le capitaine génois Christophe COLOMB découvre que les indigènes
des îles caraïbes font une boisson similaire à la bière avec du maïs.
Deux siècles plus tard, l’explorateur allemand Adrian BLOCK
construit dans la zone actuelle de Mannhattan la première fabrique de bière.
En 1632, la consommation de bière est déjà très importante, certaines rues sont
pavées pour permettre aux chars bondés de barils de circuler sans abîmer la chaussée. Chaque colon élaborait sa bière selon les traditions brassicoles de son pays d’origine, avec de l’orge, de
l’avoine, du blé, du seigle, du sucre, de la mélasse, de la courge pressés et mélangés avec des herbes et des épices.
En 1840, un émigrant bavarois, John WAGNER, introduit la
technique de la fermentation basse à Philadelphie, et la lager connut un triomphe immédiat, grâce à l'arrivée de nouveaux émigrants chassés
par la vague de révolution, qui bouleversa les états d'Allemagne et d'Europe centrale. Brasseries-jardins et Bierhalls à l'allemande proliférèrent dans toutes les grandes villes, tandis que
s'affirmait le style germanique "dortmunder" ou "münchener".
En 1852, Joseph GARIBALDI ouvre une fabrique à State Island à
New York, la GARIBALDI ET MEUCCI BREWERY, qui produira jusqu’en 1911.
Jusqu’au 19ème siècle, on ne peut parler de commerce, la distribution de bière n’était pas organisée
et les boissons comme le Calibogus (bière et rhum), le Rumfustian (bière, vin blanc,
gin, jaune d’œuf, écorce d’orange, épices), le Marrathan, le Flip (bière, gin, sucre de
noix de muscade) faisaient fureur.
Le début du 19ème siècle voit se profiler ce que sera l’industrie de
la bière aux USA. La production totale avoisine 183 000 fûts.
En 1850, on dénombre 431 brasseries. A Philadelphie, John WAGNER
produit la Lager, le gallois Richard OWENS ouvre la MILWAUKEE BEER
COMPANY, première brasserie américaine importante.
En 1853, Jacob BEST fonde la PABST BREWING COMPANY.
En 1855, Frédérick MILLER achète la brasserie de ses frères et
donne naissance à une société existant encore à l’heure actuelle. L’allemand Bernard STROH, 28 ans, fonde à Détroit sa première fabrique et à Brookling, la RHEINGOLD BREWERY ouvre ses portes.
Dans la seconde moitié du siècle, les deux familles ANHEUSER et BUSH donnent
vie à la ANHEUSER-BUSH BEER CO.
En 1873, Joseph COORS arrive de Hambourg et fonde la
COORS.
La consommation, qui était de 6.3 millions de fûts en 1869, passe à 33.6 millions
en 1900. Tandis que la ligue “ anti saloon ”, soutenue par D. ROCKFELLER entame sa bataille contre la dépravation, William PAINTER peaufine son
invention, la capsule pour bouteille de bière, Frédérick PABST construit sa brasserie, qui est actuellement un musée.
En 1900, les USA comptaient 1928 brasseries, l’Etat de New York faisait 23.9
millions de dollars de vente, la brasserie PABST à New York ouvrait le plus grand restaurant (1400 places),
le “ PABST HARLEM ” ; la BREWING ACADEMY OF CHICAGO commémore son
10ème anniversaire, l’OLYMPIA BREWING CO de Washington débute avec ce slogan “ it’s the water ”.
Pendant ce temps, la ANHEUSER-BUSH commence son expansion à l’étranger avec la marque BUDWEISER. Mais les premières lois
prohibitionnistes apparaissent. L’Amérique occupe alors la deuxième place dans le classement mondial de la consommation, après l’Allemagne. Thomas A. EDISON formule un discours
où il dit qu’on ne peut totalement interdire la consommation de bière, qui a un taux d’alcool de 4%. Il faut seulement abaisser ce taux à 2%, pour le réduire encore par la suite. La
ANHEUSER-BUSH prépare la riposte en expérimentant la première bière sans alcool, elle est lancée sur le marché sous le nom de
Bevo.
L’alcool est interdit, pourtant la production augmente de 2.2 millions de fûts de
1915 à 1917 ; puis elle s’effondre en 1919, le nombre des brasseries chute à 669. Certains brasseurs, comme Jacob RUPPERT se mettent à produire de la bière sans alcool,
d'autres s'expatrient en Europe, d’autres ferment.
En 1920, 10 000 fabriques de bières clandestines sont découvertes puis détruites
par les agents fédéraux. Les 500 brasseries restantes fournissent de la bière à un taux de 0.5 à 1%.
Le 4 juillet 1921, 20 000 personnes marchent sur la cinquième avenue de New York
pour protester contre la prohibition, en octobre la consommation de bière est autorisée en tant que médicament seulement.
En 1929, le crash de Wall Street révèle un désastre et dans les rues fleurit le
slogan “ Bring Back Beer ”.
La Beer Parade de 1932,
ayant pour slogan “ Revenez à la bière, vous reviendrez à la prospérité ”, rassemble 100 000 personne à New York. En mars
est promulguée la loi de législation de la production et de la vente de boissons alcoolisées, qui ne dépassent pas 3.2% d’alcool. Le 7 avril 1932, la bière est de retour. La demande est si
importante que la WESTERN STATES GROCERY COMPANY, propriétaire de 3370 magasins d’alimentation, signe un contrat de 10 ans pour l’achat de la
production totale de la HUMLBOLDT MALT ET BREWERING CO de Eureka en Californie, pour un montant de 32 millions de dollars. Ce retour voit le
début de la bière en fûts avec la KRUEGER BREWING en Virginie.
La bière fait son entrée dans les foyers comme toutes les autres boissons. En
1940, les 600 brasseries de New York détiennent le record en matière de production et la TIP TOP BREWING de Cleveland introduit une capsule
en aluminium à retirer sans ouvre-bouteilles.
En 1945, 50 millions de fûts s’envolent en direction des zones de guerre. La
consommation augmente à 80 millions de barils (64 millions en 1942). La KRUEGER BREWING célèbre la victoire.
Après la seconde guerre mondiale, l'industrie de la brasserie connut un fort
mouvement de concentration. Les "majors" détenant les grands circuits de production, contraignirent à la fermeture où rachetèrent les petites brasseries pour imposer leurs produits à l'échelle
nationale.
En 1948, l’AMERICAN CO
atteint 2 millions de fûts.
En 1949, la grève des fabricants fixée par l’INTERNATIONAL UNION BREWERY dévaste New York. La même année, l’ATLANTIC BREWERING donne le départ à une
tradition de concours de beauté, les miss brasseries font fureur : Goebel Girl (GOEBEL), Miss Fox Head 400 (FOX HEAD BREWING du Wisconsin), Dutch Miss (HEINEKEN), Miss Rheingold (RHEINGOLD) la miss des miss.
Au début des années 50, ANHEUSER-BUSH devient de plus en plus importante et elle est en mesure de satisfaire toutes les demandes en BUDWEISER. La SCHLITZ envoie 600 000 fûts aux soldats en Corée.
En 1956, les américains sont les premiers consommateurs de bière au
monde.
En 1959, la COORS lance sur
le marché pour la première fois des boites de bière en aluminium et la PITTS BURGH introduit la boite à ouverture automatique, la
FALSTAFF ouvre le premier musée de la bière.
En 1976, la production dépasse 163.8 millions de barils. ANHEUSER-BUSH et MILLER dominent le marché avec 44% du total des ventes, suivis par COORS et STROH’S
Dans les années 1980, on assiste à un renversement de cette tendance avec
l'ouverture de petites brasseries, voire de microbrasseries, appelées boutiques, qui offrent une sélection de bières beaucoup plus large que les produits standardisés des grandes firmes et qui
ont remis à la mode d'anciens types de bières qui avaient presque disparus.
La majorité des bières américaines de consommation courante est constituée par
des pils, appelée "praemium" ou "super praemium" et des lager légères au goùt si
subtil, que l'on peut les trouver insipides. Le renouveau des ale, des lager dans le style viennois ou munichois, des stout, des porter et de la steam beer a élargi et redonné un dynamisme à la
brasserie américaine en rehaussant la qualité.
Dans l'est, cette renaissance de la brasserie traditionnelle est perceptible avec
l'ouverture de "boutiques", telles que MANHATTAN BREWING COMPANY ou NEW AMSTERDAM à New
York ou BOSTON BEER COMPANY à Boston. Mais des firmes anciennes comme WEST END BREWING
COMPANY, GENESE BREWING COMPANY, STRAUB, YUENGLING de Pottsville, HENRY ORLIEB BREWING COMPANY et C.
SCHMIDT de Philadelphie et PITTSBURG BREWING COMPANY produisent des bières remarquables.
Le Middle West reste le siège des "Majors", ANHEUSER-BUSH, la plus grande brasserie au monde à Saint Louis, MILLER, PABST à Milwaukee,
STROH à Détroit. HEILEMAN est le seul à s'orienter vers des bières plus originales,
allant même jusqu'à ouvrir une micro-brasserie à Milwaukee pour promouvoir des bières de qualité.
Dans l'ouest, l'Orégon et l'Etat de Washington sont de gros producteur de
houblon, ce qui favorise l'implantation de brasseries dans cette région. En Californie, la plupart des brew-pubs sont établis en plein air et c'est dans la région de San Francisco que l'on trouve
le plus grand choix de bières avec la spécialité régionale, la STEAM BEER, brassée par l'ANCHOR
STEAM. Dans le Colorado, COORS est une brasserie aux allures futuristes, qui produit une bière réputée, d'une grande pureté.
Il faut également citer BOULDER, BLITZ-WEINHARDT et RAINIER parmi les brasseries importantes aux produits intéressants.
Le sud, traditionnellement amateur de whisky, est bien moins pourvu, bien que le
musée des micro-brasseries sur les cotes est et ouest ait suscité un certain enthousiasme et déterminé la spécialisation de pubs dans la bière.