ABBAYE
NOTRE DAME DE SAINT RÉMY
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BRASSERIE DE ROCHEFORT
Abbaye Notre Dame de Saint Rémy
B-5580 ROCHEFORT
Dans le pays de Rochefort (Namur), la terre est pauvre ; c'est plutôt une région d'élevage et une réserve
forestière : comme tel, il convenait à des moines.
Ce furent d'abord des moniales cisterciennes qui y vécurent durant un peu plus de deux siècles. En 1229, Gilles de
VALCOURT, seigneur de Rochefort, fondait pour elles une abbaye appelée Secours de Notre Dame(Succursus Dominae Nostrae).
Au 15ème siècle, les vocations diminuent, et, en 1464, les moniales partirent pour Félipré(à proximité de Givet (F – Ardennes) mieux approprié à leur condition, tandis que les moines de ce monastère vinrent à Rochefort. Le 11 novembre
1464, Arnould de MAISON-NEUVE est élu abbé.
L'abbaye connaît une période de tranquillité jusqu'au milieu du 17ème siècle : le 1er mai 1650, les troupes lorraines,
sous le commandement du Baron du Châtelet, pillèrent l'abbaye. En 1653, les armées de Condé détruisirent par le feu ce que les Lorrains avaient épargné...
Les moines revinrent en 1664 et l'église fut reconstruite en 1671. Mais le nombre de moines avait bien diminué. La
tranquillité dura jusqu'à la révolution française.
En 1755, la discipline laissait à désirer dans le monastère et l'abbé Henri de VILLEGIA prit alors une
ordonnance sévère : « il était défendu de prendre du thé, du café, du chocolat, des liqueurs, du vin, de fumer, de jouer aux cartes sous peine d'être
confiné dans sa chambre une journée entière. » Ce qui amena les moines à demander à la cour de Rome d'être déliés de leurs vœux...
En 1792, le Pape sécularisa l'abbaye et autorisa les moines à porter le titre de chanoine : les huit moines se
partagèrent l'argenterie, les linges, la bibliothèque et les revenus, ils vécurent indépendants, chacun dans son quartier avec son domestique.
En mai 1794, l'Armée de Moselle, commandée par JOURDAIN, envahit l'abbaye et s'emparèrent des provisions,
des objets de valeur, mais ne touchèrent pas aux murs. Ce fut la population qui se chargea de briser les vitraux, piller la bibliothèque...
L'abbaye fut vendue en 1796 à une personne qui fit détruire l'église et les lieux réguliers pour y construire divers
immeubles encore visibles actuellement à Rochefort. Le dernier abbé de SAINT RÉMY fut
Armand de la PIERRE, qui mourut doyen de Rochefort en 1822.
En 1887, SAINT RÉMY fut racheté par l'abbé SENY, qui
en fit donation à l'Abbaye d'Achel. Celle-ci envoya en décembre de cette même année une première colonie de religieux.
L'abbaye traversa les deux guerres en parvenant à subsister malgré l'occupation allemande.
Les trois thèmes de sa devise « CURVATA RESURGO »,
Courbée, je me redresse illustrent les trois vertus théologales : le palmier (foi), l'étoile (espérance), la rose (charité).
En 2003, une trentaine de religieux de l'Ordre des Cisterciens Trappistes y vivent...
Les documents les plus anciens mentionnant la fabrication de la bière par les moines datent de 1595. A cette époque, la
brasserie n'était qu'une annexe de la ferme exploitée par la communauté. Dans cette ferme, on cultivait de l'orge, mais également du houblon. Mais à la Révolution, la brasserie ne survivra pas à
la fuite des moines.
Après leur retour (1887), les moines vont s'employer à reconstruire une brasserie. Cela sera fait dès 1899, et la brasserie
n'a pas cessé de fonctionner depuis cette date...
La brasserie est mise en route par le frère Zozime JANSEN, autrefois brasseur à Oosterhout (NL). Les
conditions de démarrage sont très modestes, mais progressivement, on achète une laveuse de bouteilles et un appareil de soutirage.
Durant la première guerre mondiale, le frère Paulin CATTOIR prend les commande de la brasserie après un
stage chez le brasseur PIRLOT exerçant dans le village de Lessive.
La seconde guerre mondiale arrive avec toutes ses restrictions, la bière ne titre que 0,8%. Seule une spécialité à 5% est
autorisée à titre exceptionnelle et dénommé « bière des malades ».
A la libération, une cuvée « liberator » est
produite, elle titre 2%. La demande reste soutenue et les moines achètent un nouveau camion pour les livraisons. Mais, c'est à cette époque que la bière trappiste de CHIMAY assure son expansion en passant des accords de livraison l'autorisant à livrer dans toute la Belgique, y compris sur le territoire de Rochefort...
L'abbé de Rochefort se plaignent de cela auprès de ses confrères de Chimay, se vit assurer par ceux-ci qu'ils allaient les aider pour fabriquer une meilleure bière susceptible de concurrencer la
bière de CHIMAY.
Le professeur DE CLERCK de Louvain, est alors consulté par les moines. Il conclut à la nécessité de revoir
les méthodes de travail : contrôles microbiologiques, hygiène...
A partir de 1952, de nouveaux matériels sont achetés dans ce sens. En février 1953, la nouvelle bière est mise en vente
pour la première fois, elle titre 6% et connaît rapidement le succès. Plusieurs pères brasseurs se succèdent : le frère Antoine assurera ses fonctions jusqu'en 1997, date à
laquelle il est remplacé par un laïc, Vital STREIGNARD...
Au cours de ces années, la brasserie et ses dépendances ont subi quelques modifications : les installations son
régulièrement adaptées aux techniques modernes. Les matériels actuels sont parmi les plus performants pour une brasserie de cette taille : la soutireuse est capable de remplir plusieurs
dizaine de milliers de bouteilles par jour...
Les bières produites actuellement sont au nombre de trois, toutes brunes de fermentation haute. La levure utilisée est
unique et propre à la brasserie, qui possède sa souche. L'eau naturellement pure est puisée dans la source de la Tridaine, proche de l'abbaye. La bière est commercialisée en bouteilles de
33cl :
TRAPPISTE ROCHEFORT 6, à capsule rouge, elle titre 7,5%.
TRAPPISTE ROCHEFORT 8, à capsule verte, dite « Spéciale », elle titre 9,2%.
TRAPPISTE ROCHEFORT 10, à capsule bleue, dite « Merveille », elle titre 11,3%.
Les chiffres 6, 8, 10 proviennent d'une ancienne unité de mesure du taux d'alcool qui exprime le centième de la gravité du
moût avant la fermentation.